Toujours les Bonimenteurs…

Ça y est. Avec la sortie du DVD et une tournée des émissions de télé (je les ai vus chez Vivement Dimanche de Michel Drucker), l’improvisation sort de son cocon et devient mainstream avec… les Bonimenteurs. Ça devait bien arriver un jour.

Bien, mal? Difficile à dire…

Ils ont un vrai talent de comédiens. J’avoue que leurs personnages, hors impro, sont vraiment drôles et plaisants à regarder. Ils les maitrisent parfaitement. J’ai l’impression que la force de leur spectacle se base sur ce qu’il y a autour des improvisations: j’y vois beaucoup de clown, d’effets comiques liés aux statuts de leurs personnages de scène, de surenchère d’enjeu (“Ce thème est particulièrement corsé! Vont-ils y arriver?”).

Mais les improvisations que je vois d’eux me semblent… basiques. Propres, nettes, mais basiques, pour ne pas dire simplistes. Avec un penchant pour le jeu de mots et le cabotinage. Mais pas forcément d’allusions sexuelles, ou de bataille pour le pouvoir comme on peut le voir ailleurs. Probablement est-ce dû à la confiance nécessaire au travail en binôme et à l’absence de compétition (par opposition aux Matchs d’Impro).

Ce qui me gène le plus c’est le caractère avilissant de l’improvisateur vis-à-vis du public que leur tournée des plateaux communique. Vu chez Drucker: “Allez encore une impro! Comme ça, sur le canapé…” Thème: poisson. Résultat: ils font les poissons pendant trente secondes. Le public applaudit.

Ça communique que les improvisateurs sont au service du public, et vont faire n’importe quoi, du moment que c’est ce qui est demandé par le thème choisi. Personnellement, ça me gène, parce que je pense qu’on n’est pas au service du public, que les improvisateurs sont les experts. Cet aspect interactif, souvent mis en avant et présenté comme l’avantage de l’impro par rapport aux autres formes de théâtre, est en réalité souvent limitant. Pour être clair: au bout d’un moment, on tourne en rond.

Si on en vient, avec l’apparition d’une impro mainstream, plus connue du grand public, à établir dans l’esprit du public que l’impro c’est ça (“Donnez moi un thème!” => “Banane!” => *L’improvisateur mime une banane et la mange* => *Rires / applaudissements*), ça risque d’être de plus en plus difficile d’innover. Or la prise de risque est fondamentale en impro…

Difficile dilemme.

Responses

  1. JRM Avatar

    C’est vrai qu’ils sont pas mauvais les bougres.
    La relation vendeur/acheteur qu’ils ont avec le public est en effet un peu gênante. Mais c’est à mon avis un mal nécessaire – au moins au début.
    On a 3 chemins possibles à mon avis maintenant.
    Soit ils font le buzz mais personne ne s’engouffre dans la brèche, dans ce cas il faudra attendre encore (longtemps ?) avant de voir l’improvisation faire son petit bonhomme de chemin dans le grand public (télévisuel en particulier)
    Soit ils deviennent les “références” et font appel d’air pour d’autres spectacles improvisés qui ressembleront à ce qu’ils proposent. On gagne en exposition, mais on perd en variété, et donc en nature.
    Soit leur exposition médiatique et télévisuelle fait boule de neige pour d’autres spectacles d’impro, des formes différentes. On gagne en exposition et on peut tous s’exprimer/trouver un vecteur de notre vision.
    Hop là, je place un petit “Wait ‘n’ See”.

  2. Caspar Avatar

    … l’improvisateur comme singe dressé … jumping through hoops – that’s old news and approximately 85% of all public improvisation. Goddamn pathetic. Will it ever change? I doubt it.

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