L’interactivité avec le public

Beaucoup d’improvisateurs que je connais citent souvent “l’interactivité avec le public” comme un atout majeur de l’improvisation théâtrale auprès du public par rapport à d’autres formes artistiques. Mais c’est aussi quelque chose qui est très apprécié des improvisateurs eux-mêmes pour le frisson et la diversité de contenu que cela génère.

Personnellement, ce n’est pas quelque chose qui m’attire du tout. Certes le public aime cette interactivité, mais au delà de l’effet d’annonce qui souligne la “performance” des improvisateurs, je trouve que cela apporte peu au spectacle. Le public, d’ailleurs, se lasse vite de cet effet. De plus, c’est très rare que cette “interactivité” permette réellement d’explorer des contenus intéressants. Parmi les rares exceptions où l’interactivité ajoute au spectacle, je mets des formats comme le Life Game où un invité parle d’événements réels de sa propre vie et ajoute ainsi un côté très humain au spectacle. Dans le reste des cas, ça ne génère souvent qu’absurdités loufoques sur scène. Quand à la justification qui consiste à dire que l’interactivité permet de “prouver que c’est improvisé”, je ne reviendrai pas sur ce débat.

A mon sens, l’interactivité devrait être utilisée avec parcimonie, et seulement si elle ajoute au spectacle.

L’auteur de l’article ci-dessous parle d’une interactivité offerte au public dans le cadre d’un spectacle de théâtre lors du “In” d’Avignon. Je partage malheureusement la conclusion à laquelle il arrive et je trouve qu’elle s’applique bien évidemment à l’improvisation…

Avec Low Pieces, Xavier Leroy propose au public une expérience plutôt originale, et que tout spectateur qui se respecte accueillerait avec joie et reconnaissance, dans l’idée seule qu’il paye un artiste qui cherche à l’étonner, qui pense à lui, donc !! Il propose un dialogue entre les artistes de Low Pieces et le public, un avant le spectacle et un autre à son issue. En somme, on propose au public de faire partie du spectacle, et de participer à créer un moment inédit. Qu’est-ce que ça lui inspire? Une avalanche de vannes vulgaires, de questions provocatrices mais creuses, de tentatives de placer à tout prix n’importe quelle réflexion pseudo-intellectuelle sans se soucier de couper la parole à un autre participant. On assiste à un triste tableau: celui d’une humanité satisfaite, puante, dépourvue de la moindre élégance… Ou plutôt on se dit que si on virait les vingts connards qui se permettent de prendre le pouvoir en levant haut l’étendard de leur médiocrité dans le beau lieu du théâtre, le spectateur élégant pourrait peut-être partager avec les artistes de beaux moments. En bref on commence à avoir des idées fascistes et c’est un peu effrayant…

http://www.lelftp.com/le_blog/archives/1372

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