L’Homme-Guépard

Eux continue son bonhomme de chemin, et nous avons eu pas mal de représentations depuis mes derniers billets. Une nouveauté: un certain nombre de vidéos ont été mises en ligne, que vous trouverez ici.

La dernière représentation de notre spectacle “Nous!” aura lieu le 20 Juin, aux planches du canal (cliquez sur l’image sur la colonne de droite pour réserver). Ne la ratez pas!

Et pour finir, voici une scène d’un spectacle récent, sur laquelle je joue le personnage principal, l’Homme-Guépard. Je serais curieux de savoir ce que vous en pensez, qu’il s’agisse d’une analyse improvisationnelle de la scène, ou simplement d’un avis de spectateur, donc n’hésitez pas, donnez moi votre avis!

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Responses

  1. finpoil Avatar

    Okay.

    Me voilà motivé à être franc (et loquace, Ian, je te laisse éditer cette réponse avec ce qu’elle a de plus important), et je vais donc tenter d’analyser la vidéo en prenant en compte tes derniers billets sur la recherche du rire (très pertinent, quoique déjà relevé par KJ) et sur les différents principes que tu mets en valeur dans tes derniers billets.

    00:00-01:00
    Je suis un peu étonné du comportement de votre meneur de jeu; en bougeant beaucoup, il communique une certaine nervosité; il fait une blague en demandant la proposition (“pamplemousse”); par là, il aurait tendance à “orienter” une suggestion du côté de la blague (pas vraiment ce qu’on veut); en plus, il néglige la proposition réelle qui est faite (le lion) pour choisir une proposition un peu vague (le guépard-lion). Talk about strong choices, ha ha.

    01:00-01:30
    L’improvisateur saute avec énergie sur scène. Ça révèle un certain enthousiasme de sa part, et c’est tout bon. Le personnage est habité physiquement dès le départ, ce qui est un élément important à mettre en valeur. Maintenant, il fait un premier gag, assez rapide: ouvrir le frigo pour laper du lait. Ensuite, il doit trouver une autre activité, puisque ce premier “moteur” ne mène à rien.

    01:30-02:00
    Il choisit donc de téléphoner. En appuyant sur les touches, il découvre qu’il est handicapé par ses griffes, ce qui lui fait lâcher le téléphone (nouveau gag, “advancing”, dirait KJ). Simultanément, un autre joueur vient répondre au téléphone. La prise de contact est un peu maladroite, parce que A est pris dans son 2ème gag est reste centré sur lui-même.
    A est d’ailleurs relativement destabilisé, parce qu’il répète plusieurs fois “allô” avant de donner un élément signifiant: “Allô…, c’est… Jean-Paul.” Encore une fois, l’information est pauvre.
    Le joueur B pose une question sans donner beaucoup d’autres éléments, et A s’excuse de s’être trompé de numéro. Auto-blocage. Retour au point de départ, et le deuxième “moteur” de l’impro est parti en fumée.

    02:00-02:30
    A se recentre sur son environnement, découvre la lampe au plafond; joue avec la lampe du plafond, à la manière d’un félin; s’élance contre la tapisserie; jure (anthropomorphisme?).

    02:30-03:00
    B réapparaît pour un nouveau coup de téléphone, avec cette fois beaucoup d’informations: A est un gardien de zoo qui s’est mal réveillé (A quittance cette info en se justifiant par rapport à l’attrait de son appartement – recyclage de ce qui a été fait jusqu’ici), A doit venir garder les antilopes.

    03:00-03:30
    Jeu physique pour arriver au travail. Accueil du patron, qui n’ajoute pas beaucoup d’informations (mais un gag à propos du démineur).

    03:30-04:10
    A garde les antilopes; gags physique (changements rapides d’attitude); bruits (miaulements).

    04:10-fin
    A retourne vers son patron; lui expose son problème. B s’accorde (lâche son personnage?) avec A en établissant qu’il est lui aussi un félin qui désire une antilope; il pousse A à “s’en faire une ou deux”, brisant donc la règle établie précédemment. On peut aussi considérer qu’il s’agit d’un tilt, mais c’est carrément illogique avec le personnage mou qu’il a posé plus tôt dans la scène.

    Brutal, non?

    Bon, ce qu’il y a de fabuleux dans ta scène, c’est le jeu physique: tout est incroyablement clair et précis, et le rythme de l’impro est plutôt bon. L’écoute est généralement bonne entre les joueurs, surtout au moment de la chute.

    Mais au niveau de la narration, je me permets de te dire que rien ne se passe avant 2 minutes de jeu; une issue possible serait de s’imposer une objectif ou une émotion en début d’impro (l’émotion “farceur et primesautier” ne suffit pas, pour un début solo).

    Maintenant, ce qui me choque encore, c’est que votre meneur de jeu boit ostensiblement à la minute 2:30 (prenant une partie de l’attention du public) et que son geste annonciateur de la chute est fait très à l’avance (et au su du public). Pas très élégant.

    Mais dans l’ensemble, le thème est élégamment traité, avec un bon jeu homme-animal des deux joueurs. Bravo, je me réjouis de la prochaine.

  2. Lily Avatar

    Salut Finpoil!

    Ton analyse est très minutieuse, et assez juste. Je suis d’accord avec toi, cette scène est basée sur le gag, elle comporte des refus, des incohérences, des retards de jeu, elle n’a pas d’histoire, et d’ailleurs, si ça avait été moi, je l’aurais coupée avant que le deuxième joueur ne monte sur scène, pour en rester là, et ne pas rajouter un semblant d’histoire.

    Cependant, à ce moment là, j’étais moi même sur le banc, à droite. Et lorsque j’ai vu Ian sauter comme ça sur scène, une énergie m’a tout de suite été communiquée. Pour une fois, je ne regardais plus la scène avec les yeux d’une improvisatrice qui analyse tout, j’étais juste prise dans la scène, comme je peux être captivée par mon chat. Parce que je voyais Ian prendre du plaisir et le communiquer au public. En l’espace d’un centième de seconde il était devenu chat, et j’ai bien aimé retrouver toutes les mimiques d’un chat, et toutes les conneries qu’il peut faire.

    J’aurais apprécié qu’il n’y ait rien d’autre que cela, un chat qui s’amuse (Ian qui s’amuse aussi, et on ne distingue plus l’acteur du personnage, et j’aime bien remarquer que le plaisir du chat provient du plaisir de Ian), et qui transmet cet amusement au public.

    Après, évidemment, c’est une scène faîte pour ne pas durer, vu les travers qu’elle comporte. Mais au lieu de faire de la masturbation intellectuelle, pour une fois j’ai réussi à prendre mon pied (on m’entend beaucoup rire d’ailleurs je crois).

    A plus!

    Lily

    PS: pour le pamplemousse, je crois me souvenir que c’est une private joke avec le public qui, quelques minutes auparavant, a proposé ce mot alors que le maître de cérémonie demandait quelque chose qui n’avait rien à voir. C’est certes un gag, mais c’est surtout une manière d’intéragir avec le public, et de l’orienter au contraire vers des choix plus cohérentes (je le vois comme ça en tout cas).

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