J’écoutais France Inter hier, et je suis tombé sur Claude Brasseur et son fils, qui faisaient la promotion de leur pièce, une pièce de Sacha Guitry, Mon père avait raison. Claude Brasseur et Alexandre Brasseur jouent ensemble dans la pièce, le rôle de père et de fils, rôles qui avaient été créés par Guitry et son père à l’époque.
C’est l’occasion pour Claude Brasseur, qui vient d’une longue lignée de comédiens, de s’étendre un peu sur les questions de transmission au théâtre.
Mais il va un peu plus loin, et lorsque la présentatrice lui dit qu’aujourd’hui les jeunes comédiens “jouent pour eux”, Claude Brasseur acquiesce et dit que c’est le résultat d’une génération qui “ne fait plus de théâtre, qui a l’habitude du cinéma”.
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Je n’ai pas pu m’empêcher de faire le rapprochement avec ce que je vois en impro. J’ai l’impression que les improvisateurs aujourd’hui “jouent pour eux”. Combien de fois ai-je entendu que l’impro c’était “un bon délire”, ou ai-je vu des comédiens qui ne tenaient aucun compte du public, et passaient leur temps à se faire de blagues entre eux sur scène?
Alexandre Brasseur revient sur un des tout premiers conseils (remontrances?) que lui avait fait son père: “tu gesticules comme un pantin !”
C’est une critique que je pourrais attribuer à un grand nombre d’improvisateurs aujourd’hui (et pas que: stand up, etc…). Nous n’avons plus de formation de théâtre lorsque nous faisons de l’improvisation théâtrale. Moi le premier. Je ne sais pas me tenir sur une scène. Mais ce qu’il y a de pervers, c’est que la pratique de l’impro aujourd’hui fait croire que le premier venu peut monter sur une scène. Alors que poser sa voix, son corps, demande des années de pratique. Il y a comme une supercherie…
Mick Napier dans son livre (cf. la Boutique de l’Improvisateur, en haut à droite!), le dit bien:
“Take an acting class – or four. A lot of improvisers come from the “My friends told me I am funny” school of performing and deem acting as unnecessary or pretentious.”
ce que je traduis par:
“Suivez un cours de théâtre – ou quatre. Beaucoup d’improvisateurs viennent de l’école du spectacle “Mes amis m’ont dit que j’étais drôle” et considèrent le jeu d’acteur comme superflu ou prétentieux.”
C’est aussi l’impression que j’ai quand j’entends dire que l’impro est accessible. Oui, il y a de l’universel dans l’improvisation, car nous improvisons tous nos vies au quotidien. Mais la partie théâtre de l’improvisation théâtrale ne s’improvise pas. On devrait lui faire une part un peu plus grande…
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