Paradoxe #1
Il faut jouer grand. Sinon le public et les partenaires ne comprennent pas ce que vous jouez. Ça ne leur parvient pas et la scène reste un “mystère”. Il devient difficile de jouer avec vous car on ne sait pas à quoi réagir, comment réagir et comment écrire la scène ensemble.
Mais quand on joue grand, il est difficile de jouer vrai. On tombe souvent dans la caricature ou le côté “volontaire”. On force les choses sur scène et on perd en justesse.
Il faut jouer vrai. Il faut que vous-même, les partenaires, le public croyez à ce que vous jouez. Si ce que vous jouez n’est pas juste, on perd le jeu, on perd la connexion, on perd la vérité du théâtre. On ne peut plus s’identifier et on reste dans le commentaire.
Mais quand on joue vrai, il est difficile de jouer grand. Car quand on joue sincère, on se rapproche de nous-même, de la vie, du quotidien, et on devient petit, on joue moins grand. On parle moins fort. On engage moins notre corps. On n’élève pas le jeu et les thèmes traités dans nos scènes restent plats.
Donc, il faut jouer vrai ET grand. Ce qui, en pratique, relève de l’impossible, car il faut jongler avec deux forces contraires, réussir l’union de l’eau et du feu. Les bons comédiens sont ceux qui trouvent des solutions à ce paradoxe, sur scène, par le jeu.
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