J’ai vu Inglourious Basterds ce soir. Le film est génial, jouissif, intelligent, ultra-violent, bien construit. La Palme d’interprétation masculine obtenue à Cannes par Christoph Waltz est largement méritée…
Par contre, là où tous les autres acteurs se font plaisir en jouant à fond leurs stéréotypes déjantés, j’ai trouvé le jeu des français (en particulier Mélanie Laurent) “pseudo-réaliste” complètement décalé et à côté de la plaque. Je dis “pseudo-réaliste” car j’ai l’impression que l’actrice voulait donner un côté “vrai” à son personnage, notamment en “parlant dans mon personnage comme je parle dans ma vie de tous les jours”, ce qui fait un peu… AB Productions (désolé). Dans ses scènes, j’avais l’impression de voir une parisienne de 2009, pas une juive pétrie de vengeance de 1941.
Avec en face, un Brad Pitt qui s’éclate à jouer un capitaine du Tennessee à l’accent à couper au couteau complètement taré. Ou un Christoph Waltz qui joue un SS machiavélique. Ou un Mike Myers en colonel britannique super sophistiqué. Ou un Hitler hyper colérique. Bref, des personnages un minimum marqués, sans pour autant être des armures inamovibles. Encore une fois, par comparaison, j’ai l’impression que les français se prennent… trop au sérieux.
Cependant, à la décharge de Mélanie Laurent, dans le cadre de ce film, je me dis que cette performance pouvait se comprendre.
Par contraste, ce jeu très “intellectuel” de Mélanie Laurent met en valeur celui des autres. En particulier dans la scène du restaurant où Shosanna rencontre Landa, où l’on se gausse du SS maniéré et impitoyable. Pour reprendre le vocabulaire des improvisateurs, Mélanie Laurent est dans cette scène un bon passager.
Peut-être que Tarantino voulait que le jeu “réaliste” du personnage de Shosanna permette au spectateur de s’identifier? Ou qu’il apporte une “caution émotionnelle” qui “justifie” toute la violence? C’est ce qu’il semble dire ici:
Quentin Tarantino : Dans ma première version, j’imaginais Shosanna en Jeanne d’Arc juive. Elle était bien plus bad ass, elle balançait des cocktails Molotov et tirait à la carabine sur les camions nazis, elle s’échappait par les toits. Finalement, j’ai transféré ce personnage sur la Mariée de Kill Bill, donc à la réécriture, ils étaient trop semblables. J’ai fait de Shosanna un personnage plus réaliste. C’est une survivante, pas une bad ass. Mais dans le petit film qu’elle tourne pour présenter son attentat au cinéma, elle apparaît en gros plan sur l’écran, les flammes lui lèchent le visage, l’image de Jeanne d’Arc est restée. En même temps c’est le diable, Big Brother…
Enfin, le film est un vrai festival avec une farandole d’acteurs de nationalités différentes. Tout le monde s’éclate et se fait plaisir, et c’est agréable de voir différents jeux d’acteurs, bref de voir de la variété. Le jeu de la française peut alors plaire à un public étranger qui y trouvera un certain “exotisme” participant de cette diversité.
Est-ce que je suis trop dur avec Mélanie? Je ne sais pas…
Bref. Je ne retirerai rien au film, je le trouve parfait narrativement. Il est de plus saupoudré de scènes mémorables, physiquement et verbalement délicieuses. Il gère ainsi un très bon équilibre entre narration (faire avancer l’action) et jeu de scène (profiter du moment, jouer avec une situation, une différence de statut, etc…).
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